En mer comme en affaires, le concept d’avancer en ligne droite n’existe généralement pas. Ce serait bien trop simple de penser pouvoir passer du point A au point B sans être affecté par les facteurs extérieurs. Le vent, les courants et l’équipage sont autant de facteurs d’influence qui font de la navigation (et des affaires) ce qu’elle est, dans tout son charme et son inconfort.
Fait : la stratégie est inconfortable
Le manque de courage tue les entreprises. Lentement mais sûrement, les organisations qui ne s’engagent pas dans une direction, préférant se laisser bercer par le courant, se font dépasser par celles qui n’ont pas peur des vagues.
Comprenons-nous bien : créer une organisation comporte son lot de défis. La concrétisation d’un modèle d’affaires rentable et d’une proposition de valeur significative pour une clientèle est un processus difficile.
Ces embûches forcent les entrepreneurs à prendre des risques, à tester des hypothèses et à user de stratégie pour avancer. À ce moment de la vie de l’entreprise, l’innovation est incontournable – elle doit meubler le quotidien. Seuls ceux qui accepteront cet inconfort vont atteindre le succès.
Fait : le changement fait peur
Lorsqu’on passe des années en mer entouré d’un équipage de confiance, il devient naturel de penser que le travail consiste à suivre le courant. Or, il s’agit du meilleur plan pour s’échouer tranquillement sur les récifs.
Les organisations rentables craignent généralement de transformer leurs pratiques et de tester de nouvelles hypothèses de peur de détruire leurs marges. Et c’est tout à fait compréhensible. Toutefois, ne rien essayer, c’est se mettre à risque de se faire bousculer par les autres, ou encore de subir le contexte plutôt que de le dicter.
Les bons capitaines de navire ont du courage. Ils donnent le rythme de la traversée et transmettent à leur équipage la confiance nécessaire pour avancer.
Le piège de l’opportunisme
Est-ce mauvais d’être opportuniste? Non.
Faire preuve d’opportunisme est-il une stratégie? Non plus.
L’opportunisme peut donner l’impression de savoir où l’on s’en va et c’est exactement ce qui en fait une pratique risquée. Si cette tactique est souvent payante à court terme, elle assure très rarement la pérennité d’une organisation. Il devient également ardu pour une équipe de se mobiliser derrière cette approche, car elle est souvent synonyme de changements erratiques sans connexions claires.
L’opportunisme se présente généralement dans un contexte favorable. Mais quand le vent se lève et que la mer s’agite, des choix stratégiques solides et une direction claire seront plus pérennes qu’une opportunité rapide.
Cela ne signifie pas qu’une bonne stratégie n’évolue pas. Au contraire, elle doit s’adapter au contexte et tester constamment de nouvelles initiatives. Mais pour que les membres de l’équipage puissent travailler à plein régime à la livraison d’une vision, ils doivent comprendre la destination. Rien n’est plus encourageant pour un capitaine qu’une équipe qui incarne une stratégie et qui prend elle-même de bonnes décisions.
Le piège du manque de temps
« Je n’ai pas le temps de faire de la stratégie ou de l’innovation. »
En affaires, le sentiment d’être avalé par son quotidien est bien réel. Le tourbillon des tâches et des routines devient souvent un frein à l’engagement. Et faire plusieurs bonnes choses sans avoir de direction claire est le chemin le plus long vers la victoire.
Il n’y aura jamais de bon moment pour entamer le processus. Contrairement à certaines croyances, il n’y a pas de date de fin non plus. L’organisation qui arrête de faire des plans pour gagner recommencera inévitablement à se laisser avaler par le courant.
Comme j’aime le dire, la raison pour laquelle les entrepreneurs croient ne pas avoir de temps pour faire de la stratégie est tout simplement parce qu’ils n’ont pas de stratégie.
Le temps, ça se prend. Travailler sur son entreprise et pas seulement dans son entreprise est névralgique. Encore une fois, le changement se travaille, se prépare et se réfléchit.
Le piège de la pensée magique
« Deux jours de stratégie et nous voilà partis pour les trois prochaines années! »
Avant de partir en mer, on décide où on va. C’est l’évidence même. Mais quand la tempête gronde au nord, il faut être assez flexible pour passer au sud. La stratégie consiste souvent à choisir ce qu’on ne fera pas. Et c’est en appliquant nos choix au quotidien qu’on devient bon à les incarner et à les communiquer.
La culture de l’innovation et de la stratégie est un engagement dans le changement. C’est le développement des compétences d’une équipe pour devenir meilleurs, plus rapides et plus efficaces pour s’adapter et se transformer.
Mais la stratégie n’est pas un plan fait d’avance qui devrait dicter nos trois prochaines années. Comment pouvons-nous réalistement être pertinents et avoir les meilleures idées pour garnir les plans de l’entreprise en seulement quelques heures?
La stratégie et l’innovation se vivent au quotidien, dans chacune des décisions de l’organisation et dans les actions de l’équipe. L’application des choix nous approchera véritablement de notre destination.
Se transformer à travers une bonne stratégie est effrayant, car on ne peut pas prouver d’avance que le résultat sera exactement celui qu’on souhaite. C’est toutefois mettre toutes les chances de notre côté pour réussir et devenir bons à s’adapter. Même quand la mer est houleuse, l’équipe et le capitaine savent alors où ils s’en vont.
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Les bons leaders sont courageux.
Ils s’engagent, prennent le temps, comprennent la valeur de la constance et apprennent à changer.
Vous souhaitez vous engager dans la culture de la stratégie et de l’innovation? Discutons-en.
– Antoine